La famille Vandaele élève des Holstein et transforme le lait à la ferme depuis plusieurs générations

28 août 2020
Esther Hougardy
Esther Hougardy

Aux portes de la ville de Huy, la Ferme de la Vacheresse est vouée à l’élevage laitier suite à la situation géographique et à la topographie de la région. Depuis bientôt 70 ans, la famille Vandaele est installée à Ben-Ahin et travaille en circuit court. C’est dans les années 1950 que Jacques Vandaele et son […]

Aux portes de la ville de Huy, la Ferme de la Vacheresse est vouée à l’élevage laitier suite à la situation géographique et à la topographie de la région. Depuis bientôt 70 ans, la famille Vandaele est installée à Ben-Ahin et travaille en circuit court.

C’est dans les années 1950 que Jacques Vandaele et son épouse quittent Watervliet et le littoral pour s’installer dans le Condroz, à la frontière Hesbignonne. A l’époque déjà, le lait était la principale activité de l’exploitation, et une partie du lait produit par la vingtaine de vaches était transformée en beurre. En 1980, Marc, un des cinq enfants du couple, reprend la ferme familiale qui, avait entretemps déjà bien grandi. Jenny, l’épouse de Marc, a rapidement travaillé aux côtés de son mari. Au début des années 2000, le couple mise sur la diversité des produits: en plus du beurre, du fromage frais nature ou aux herbes, du yaourt, de la crème, … sont aussi proposés à la vente à la ferme. En 2010, Arnaud succède à Marc, après ses études de techniques et gestion agricoles à Huy. Actuellement, près de 800.000 litres de lait partent chaque année à la laiterie tandis que 150.000 litres sont transformés à la ferme.

La race Holstein

Aujourd’hui l’exploitation compte 260 bêtes, dont une centaine en lactation et une quarantaine de Blanc Bleu avec lesquelles ils font de l’engraissement et un peu d’élevage.
Toutes leurs vaches laitières sont des Holstein, c’est une race que la famille apprécie particulièrement et dont ils maitrisent les subtilités, y compris la reproduction.

Arnaud poursuit : ‘En ce qui concerne le choix des taureaux, les critères qui retiennent notre attention sont le taux de production de lait, la conformité, la motricité et enfin, le plancher de pis. Cependant, si je devais faire un croisement avec une autre race, cela serait pour augmenter les matières utiles du lait. Si nous devions faire du croisement, je chercherai surtout à augmenter les matières utiles du lait.’ Arnaud précise qu’il achète très peu de bêtes à l’extérieur, ou de très jeunes animaux qui vivent alors séparées du troupeau quelques temps.

Le travail en famille

Travailler en famille, n’est pas toujours chose aisée… Ici, chacun fait quelque chose qui lui correspond.
Arnaud : ‘Ma maman aime le contact humain, elle apprécie s’occuper du magasin à la ferme. C’est elle qui soigne et gère les veaux et surtout maitrise tous les processus de la transformation du lait. Mon papa, lui, soigne et paille le bétail sur les deux fermes puisque, Gilles, mon frère ainé, est lui aussi à la tête d’une exploitation à quelques rues d’ici… Enfin, mes activités principales sont la traite, la gestion des cultures (administrative et pratique), le commerce et les livraisons. Sophie, ma sœur, travaille à l’extérieur, ainsi que Quentin, le benjamin de la famille. Mais ils sont tous les deux tout autant passionnés par le secteur.’

Le circuit court et la qualité

L’exploitation étant située près d’une ville, elle mise sur le circuit court et sur la qualité de ses produits. Arnaud explique : ‘Nous avons trois types de clients. Tout d’abord les particuliers, qui se rendent à la ferme à qui nous proposons tous nos produits ainsi que des œufs, des pommes de terre et du miel que d’autres producteurs locaux proposent à la vente. Ensuite, les revendeurs, quelques diverses enseignes alimentaires et points de vente, à qui nous fournissons du fromage frais, des yaourts et du beurre. Enfin, je livre aussi aux boulangeries. Au fil du temps, quelques produits se sont ajoutés à la liste, comme le riz au lait ou la crème pâtissière.’

Le choix de l’alimentation du bétail

Puisque les produits de qualités sont élaborés avec de la matière première de premier choix, l’alimentation du bétail est un point important au sein de l’exploitation où peu d’aliments transformés sont utilisés. Arnaud : ‘La ration se compose d’herbe, de maïs, de pulpes, de céréales et d’oléagineux. Nous disposons d’un DAC (distributeur automatique de concentré mais nous utilisons un minimum de produits manufacturés. Nous savons aussi qu’utiliser un aliment tel que le soja, qui est décrié, ne véhicule pas une image positive auprès de la clientèle. Nous souhaitons donc réduire complètement son utilisation et valoriser des produits considérés comme indigènes qui équilibreraient tout autant la ration de notre cheptel en protéines.’

Concernant le fauchage de l’herbe, un maximum d’apport d’énergie est recherché. L’herbe doit être bien verte, pas de semences, pour contenir beaucoup d’amidon digestible. L’achat de pulpes se fait à l’extérieur, ainsi que la paille, souvent en échange paille/fumier, et ± 150 ballots de préfané.

L’étable des vaches en lactation se trouve sur caillebotis et la plupart des bêtes de l’exploitation ont un accès aux pâtures, mais on considère qu’un tiers du cheptel vit à l’étable: les vaches qui sont en début de lactation et qui nécessitent une attention particulière, les animaux à qui il faut prodiguer des soins, et les vaches à inséminer.

La gestion des cultures et le matériel

La ferme est entourée de vastes prairies, près de 40 hectares sont situés à moins d’un kilomètre tandis que 20 autres hectares sont plus éloignés… La plupart sont pâturées et quelques-unes sont fauchées. Par ailleurs, les Vandaele cultivent une vingtaine d’hectares de maïs et quelques hectares de betteraves et de céréales. Arnaud apporte quelques précisions : ‘Quelques travaux sont réalisés par entreprise. Pour les betteraves, semis et récolte se font par entreprise. L’ensilage et la moisson également… Je n’ai pas vraiment le temps de m’en occuper, la gestion de la ferme prend déjà beaucoup de temps, tout comme la transformation du lait, les soins aux animaux, le commerce, etc. et puis, c’est investir dans du matériel qui ne sera pas rapidement amorti.’

La plupart du matériel qui se trouve sur la ferme est partagé avec son frère Gilles. ‘Nous avons trois John Deere, de puissances différentes, et chacun à son rôle. Le 6150M, équipé d’un chargeur, effectue des travaux un peu plus lourds comme les labours. C’est aussi lui qui est utilisé pour le fumier, le lisier avec le tonneau Dezeure de 10m3, et qui tasse lorsque nous faisons les silos; le 6530, est attelé à la mélangeuse Belair de 16m3, au pulvérisateur et s’occupe de la fenaison; tandis que le 6420 qui est aussi équipé d’un chargeur, est attelé à la pailleuse Kuhn, s’occupe des travaux de manutention, des semis ou à une tâche qui pourrait soulager un des deux autres. Nous avons aussi un NH L85 qui fane par exemple et qui épargne plutôt bien les autres tracteurs pour ce genre de tâches.’

Quelques machines vieillissent, comme le pulvérisateur et la pailleuse mais l’achat de matériel se fait surtout en occasion car c’est considéré comme un investissement qui n’est pas intéressant : ‘Nous achetons surtout à des exploitants proches que nous connaissons, cela nous permet de plus de savoir comment le matériel a été entretenu et utilisé.’

L’avenir

Outre le remplacement du matériel, Arnaud souhaite continuer à investir, à s’investir et à se diversifier. Arnaud : ‘Dans mes projets, j’imagine déjà agrandir les bâtiments, et faire quelques travaux qui faciliteraient la manutention des animaux. Je pense à améliorer le système de traite car nous passons plusieurs heures de la journée à cela et je remarque que c’est un point sur lequel on peut travailler pour gagner en efficacité. Ensuite, je trouve que le développement du commerce est essentiel et doit continuer à se faire même si l’entretien des relations et la prospection n’est pas évident en soi.’

‘Enfin, il y a un projet particulier que je souhaite mettre en avant et qui est déjà en route, c’est celui de la production de vin ! Nous sommes quelques agriculteurs à vouloir nous diversifier dans ce secteur et cette année, nous avons planté nos premiers pieds de vigne. C’est un travail de longue haleine qui s’annonce, car nous avons beaucoup à apprendre, même si nous sommes bien entourés, et parce qu’il faut beaucoup de patience avant d’obtenir de premiers résultats!’