Chez Valentine Courtain à Loupoigne: La transformation à la ferme permet de valoriser le lait produit sur l’exploitation

19 juin 2020
Christophe Daemen
Christophe Daemen

A Loupoigne (Genappe), Valentine Courtain exploite la Ferme de la Goyette avec ses parents. Après ses études, elle a choisi de rester sur l’exploitation et de développer davantage l’activité de transformation à la ferme qui avait été initiée par ses parents. Entretemps, cela fait déjà plus de six ans qu’elle est à la tête de […]

A Loupoigne (Genappe), Valentine Courtain exploite la Ferme de la Goyette avec ses parents. Après ses études, elle a choisi de rester sur l’exploitation et de développer davantage l’activité de transformation à la ferme qui avait été initiée par ses parents. Entretemps, cela fait déjà plus de six ans qu’elle est à la tête de l’exploitation. Nous l’avons rencontrée début janvier, juste après l’agitation des fêtes de fin d’année, par un après-midi pluvieux.

L’exploitation mixte de la famille Courtain est typique du Brabant wallon, avec à la fois un troupeau viandeux et laitier, de même que différentes cultures. Valentine représente déjà la quatrième génération sur l’exploitation. Afin de mieux répartir les risques et de conserver la valeur ajoutée de leur propre lait à la ferme, ses parents ont commencé à transformer du lait en 2002. Valentine poursuit : ‘Les premières années n’ont pas toujours été évidentes parce qu’il y avait moins d’intérêt à manger plus sainement ou à promouvoir les circuits courts. Nous avons dû faire pas mal de promotion pour expliquer cette diversification et nous avons également participé à plusieurs concours afin de faire connaître nos produits. Au fil des ans, nous avons reçu quatre ‘Coq de Cristal’ différents, un pour nos tartes à matton, un pour notre beurre et deux Coq de Cristal différents pour notre crème glacée aux fraises. Cela nous a grandement aidés à assurer la promotion de nos produits, même s’il reste nécessaire de faire suffisamment de publicité pour fidéliser les clients.’

Faire évoluer le cheptel laitier

Suite à cette diversification, le troupeau laitier a évolué peu à peu. Valentine poursuit : ‘Au début, notre cheptel laitier ne comportait que des vaches Holstein. Comme nous misons sur une teneur plus élevée en matières grasses et en protéines pour fabriquer du beurre, de la crème glacée ou du yaourt, notre troupeau a également évolué au fil du temps. Entretemps, nos vaches Holstein ont donc été rejointes par des vaches de race Montbéliarde, Brune Suisse et Jersey. Les vaches Holstein représentent encore environ 30 % de nos vaches laitières. D’autre part, je dois dire aussi que nous n’avons jamais mis l’accent sur la production ou misé sur une génétique avancée, et que nous préférons travailler avec des vaches plus robustes qui sont également moins sensibles aux maladies ou à d’autres problèmes. Les nouvelles races qui sont venues compléter notre cheptel au fil du temps s’intègrent parfaitement dans cette philosophie.’

Des fourrages de qualité restent la base

Afin de transformer le lait efficacement sur l’exploitation, il est nécessaire de porter une attention particulière à une ration composée de fourrages de qualité. Valentine poursuit : ‘Nous essayons d’acheter le moins d’aliments possible. Comme nous transformons nous-mêmes notre lait, nous essayons de limiter la proportion d’ensilage dans la ration. En outre, les vaches reçoivent beaucoup de luzerne parce qu’elle est valorisée de façon optimale. Nous n’achetons pas d’aliments pour bétail tout faits, parce que nous préférons valoriser les céréales cultivées sur l’exploitation, comme le blé, l’escourgeon et l’épeautre. Les céréales sont aplaties à la maison. Nous devons par ailleurs arriver à une forme de stabilité en ce qui concerne le goût du lait produit, de même qu’à une teneur suffisante en matières grasses, en particulier pour la production de beurre et de crème. Deux fois par an, nous remarquons de grandes différences au printemps, lorsque les vaches sortent de nouveau en prairie, de même qu’en automne, lorsque les animaux rentrent pour la période hivernale. La plus grande partie des travaux sur les terres sont effectués en main propre, et nous faisons appel au travail d’entreprise pour les travaux de récolte, comme la moisson, l’ensilage d’herbe et de maïs ou encore le pressage de ballots.’

Faire évoluer la transformation à la ferme…

Les parents de Valentine ont débuté la transformation à la ferme en 2002. Une ancienne étable a été réaménagée pour en faire un magasin à la ferme. Comme la maman de Valentine est originaire de Horrues, elle a commencé à fabriquer des tartes à matton afin de compléter la gamme existante de produits laitiers. En 2016, un tout nouvel espace de vente au détail a ensuite été mis en place à la ferme afin de mieux recevoir et servir les clients. ‘Ces derniers viennent principalement de Genappe et de ses environs. Le samedi et le dimanche, nous accueillons d’autre part aussi beaucoup de gens qui viennent de plus loin, comme Nivelles ou Waterloo, et qui profitent de l’occasion pour visiter la ferme et ainsi reprendre contact avec le monde agricole. D’autre part, nous attachons également une grande importance à ce contact. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons aussi quelques chèvres, oies ou poules, afin que les gens aient une vision plus large de l’agriculture. Nos chèvres sont par ailleurs devenues les mascottes de notre exploitation.’

…implique également des adaptations spécifiques

Une activité supplémentaire nécessite les ajustements nécessaires au sein de l’exploitation. Valentine poursuit : ‘J’ai l’habitude de traire le matin et le soir. Le reste du temps, je m’occupe de la transformation. Heureusement, mon père s’occupe des différentes cultures de la ferme et prend également en charge tout ce qui concerne l’alimentation et les soins des animaux sur une base quotidienne. Sinon, ce serait vraiment compliqué de tout boucler. La transformation sur l’exploitation signifie aussi que les journées sont parfois particulièrement longues, mais cela fait partie du jeu. En échange, vous obtenez plus de satisfaction de votre travail et vous remarquez également que vos clients en tirent également une plus-value. En plus de la transformation proprement dite, nous passons également beaucoup de temps pour les livraisons, tandis que le printemps est aussi synonyme de nombreux événements locaux où nous essayons d’être présents afin d’assurer la promotion de nos produits. Aujourd’hui, la gamme se compose de fromage frais, 9 sortes de yaourt, du beurre, des tartes à matton, du riz au lait et du pudding, différents types de quiches, de la crème glacée et des sorbets, des gâteaux, tandis que nous vendons aussi du lait cru et de la crème. Pour compléter notre offre, nous distribuons également des produits d’autres agriculteurs, tels que des jus de fruits ou différents types de fromages à pâte dure.’

Oser envisager les choses autrement

Valentine estime également qu’il est nécessaire de continuer à suivre les demandes des clients: ‘Par le passé, peu d’attention a été accordée à cette approche, parce qu’on estimait qu’un bon produit était suffisant. Entretemps, nous misons sur des emballages spécifiques, et donc reconnaissables. Après tout, les gens achètent aussi avec leurs yeux et notre emballage est donc unique. Il en va de même pour notre offre, soit dit en passant. Quand mes parents ont commencé l’offre était plutôt limitée, mais au fil du temps, nous avons également répondu aux attentes et remarques des clients. Au cours des premières années, notre crème glacée n’était par exemple déclinée qu’en quelques goûts de base, et entretemps, nous proposons entre 15 et 20 goûts différents suivant les saisons, tandis que du sorbet est également venu compléter l’offre. Cela représente bien entendu du travail supplémentaire, mais cela permet de satisfaire et de fidéliser notre clientèle. De plus, je pense qu’il est très important de continuer à apprendre et à évoluer. Dans la mesure du possible, j’essaie de suivre de nouveaux cours afin que je puisse aussi essayer de nouvelles choses. Récemment, j’ai ainsi suivi une formation sur le travail du sucre et du chocolat. J’ai ensuite pu mettre cette formation en pratique afin de finir avec une touche moderne et unique les bûches de Noël que nous avons vendues dernièrement. A l’avenir, j’aimerais également ouvrir un espace de dégustation pour que les clients puissent également consommer sur place, même si cela nécessite à nouveau du travail supplémentaire. Ce serait cependant une belle évolution!’