France Cochet est conseillère de gestion chez Elévéo – AWE Groupe

19 juin 2020
Esther Hougardy
France Cochet

A travers cette rubrique, nous voulons faire évoluer l’image de défaitisme du secteur agricole qui ne trouve pas de personnel, ou des travailleurs qui viennent s’y former avant de chercher du boulot dans un autre secteur. Cette fois-ci, nous vous présentons France Cochet, qui est conseillère de gestion chez Elévéo – AWE Groupe TractorPower:’France, en […]

A travers cette rubrique, nous voulons faire évoluer l’image de défaitisme du secteur agricole qui ne trouve pas de personnel, ou des travailleurs qui viennent s’y former avant de chercher du boulot dans un autre secteur. Cette fois-ci, nous vous présentons France Cochet, qui est conseillère de gestion chez Elévéo – AWE Groupe

TractorPower:’France, en quoi consiste ton boulot?’

France Cochet: ‘Mon boulot consiste à aider l’agriculteur dans la gestion de son exploitation. Je réalise des comptabilités de gestion dans une cinquantaine d’exploitations en Condroz, Famenne et Hesbaye. Cette comptabilité offre une analyse financière mais également technique de l’exploitation tant au niveau du cheptel que de l’exploitation des superficies. Mes collaborateurs et moi avons chacun nos clients, desquels nous sommes ‘responsables’. Je me déplace chez les exploitants afin de récolter toutes les informations qui seront nécessaires au suivi de qualité. A partir d’une facture donnée, en plus de l’aspect financier, je dois pouvoir dégager certaines données plus fines telles que le type d’alimentation du bétail, les types de traitements utilisés sur les cultures, etc… Les données sont, en plus d’être traitées et informatisées, stockées et utilisées par d’autres organismes ou universités, toujours dans le but d’apporter un service de qualité à l’exploitant.
Ensuite, le plus souvent possible, je me rends à nouveau chez le client afin de commenter les résultats des analyses. De par ce travail, j’ai également une fonction de consultant pour la rédaction, la défense et le suivi des dossiers ADISA. Ces dossiers sont réalisés par les exploitants dans le but d’obtenir des aides à l’investissements ou à l’installation. Je peux également intervenir lors des déclarations de la PAC, ou pour les demandes de permis d’environnement mais cela devient plus rare. Enfin, de par ma fonction, je participe périodiquement aux réunions CETA (Centre d’Etude de Techniques Agricoles), ce qui est toujours très enrichissant.’

TP: ‘Pourquoi avoir choisi ce boulot?’

France: ‘Ayant travaillé à partir de 12 ans dans une exploitation du village lors de la moisson et de la récolte de paille en petits ballots, j’aimais beaucoup ces travaux en pleine nature. L’agronomie m’a par la suite attirée pour mes études et mon travail. J’ai travaillé pendant un an à la station de phytotechnie au CRA de Gembloux, ce travail me plaisait beaucoup mais c’était un contrat à durée déterminée. J’ai répondu à une offre d’emploi dans le secteur technico-économique à Ciney. L’analyse de la rentabilité des exploitations était un aspect qui me passionnait depuis mes études. Le surlendemain de l’arrêt de mon contrat à Gembloux, j’étais engagée à la maison de l’éleveur de Ciney qui a depuis changé de nom et de structure. Cela fait déjà 31 ans…’

TP: ‘Quels sont les aspects les plus chouettes de ton boulot?’

France: ‘Les aspects les plus chouettes sont la rencontre avec les exploitants au sein de leur exploitation, l’autonomie de l’organisation de mon travail et la découverte de nouveaux secteurs que je connaissais moins au départ. La recherche de toujours mieux faire est également un aspect motivant de mon métier.’

TP: ‘Et les moins chouettes?’

France: ‘La lourdeur et la pression pour l’élaboration des dossiers d’aide. Si auparavant 100% de mon travail pouvait s’arrêter à l’aspect comptable dans ce cas, aujourd’hui cela ne représente pas plus de 60 à 70%, le reste du temps est consacré à ces dossiers d’aides ADISA. La longueur des 38 procédés administratifs est très importante, sans compter le temps passé à répondre à l’administration, les banquiers, etc. Et puis, pour une futilité administrative, un dossier peut aboutir à un refus de l’aide. Les exigences sont de plus en plus élevées et c’est très stressant car je travaille dans le but d’aider les agriculteurs et le moindre échec me pèse énormément. De plus, je sais que cela peut les mettre en grande difficulté financière… Enfin, je ne travaille pas à l’extérieur alors qu’au départ j’ai fait l’agronomie pour être dehors.’

TP: ‘Que ferais-tu si tu n’étais pas employée dans le secteur agricole?’

France: ‘Je travaillerais dans un parc animalier ou dans le milieu horticole.’

TP: ‘Quel est ton plus grand rêve?’

France: ‘Pouvoir vivre de la vente des légumes que je produirais dans mon jardin et détenir plus d’animaux…mais cela restera un rêve, car physiquement c’est impossible… mon dos n’en est pas capable.

TP: ‘Que conseillerais-tu à d’autres qui veulent commencer ou se perfectionner dans le secteur?’

France: ‘Je pense que celui qui aime un métier peut y arriver même si au départ il n’a pas de parents ou des appuis dans ce métier. Il faut faire ce qu’on aime et le faire le mieux possible. Etre curieux de tout, car c’est cela qui permet d’apprendre. Il y a encore de la place pour aider nos agriculteurs car beaucoup de structures qui étaient là au départ pour les aider se sont transformées en organismes de contrôle et de répression et ils se sentent abandonnés de tous.